C’est le printemps sur les pelouses-centenaires-réservées-aux-petits-oiseaux du jardin des plantes. Et ça me rappelle tout à coup le printemps dernier. J’étais enceinte, Martin et moi passions régulièrement par là en allant à la gare et je m’apparentais totalement aux canards et aux poules d’eau qui nichaient au bord de l’eau. Et puis on s’est éclipsés pendant quelques semaines, parce que Cyrus est arrivé. Quand on a traversé à nouveau le jardin des plantes, dans le courant de l’été, les canetons et les poussins étaient nés, ils étaient ébouriffés et maladroits, et nous l’étions tous les trois aussi. On les a vus grandir à chacun de nos passages, quand on allait chercher les amis venus nous voir puis quand on a repris les routes des ateliers d’écriture, des salons et des rencontres. Maintenant, les canetons et les poussins sont devenus des canards et des poules d’eau et ils s’apprêtent à nicher à leur tour tandis que Cyrus est toujours ébouriffé et maladroit (et que Martin et moi le sommes un petit peu moins). Et je pense que plus jamais aucun printemps ni aucun été ne se passera sans que je me sente un peu poule d’eau.