Je viens de terminer La nouvelle pornographie, roman de Marie Nimier (publié il y a une dizaine d’années). Fluide est sans doute l’adjectif que je lui attribuerais en premier. C’est un livre beau, délicat, intelligent, et d’une fluidité superbe, qui semble écrit d’une traite, comme on déroule le fil d’une réflexion, dans une respiration, un souffle ; qui parle d’amour, de travail, de pornographie, d’amitié, de rencontres. Et puis quelques mots sur l’écriture que j’avais envie de reprendre ici :
“La médiocrité habituellement réservée à ce genre de littérature (sa médiocrité constituante, comme Gabriel aimait à le répéter) me libérait en outre du souci jusque-là omniprésent dans mes romans non pas du bien-pensant, mais du bien construit et du bien tourné, chaque mot ayant sa place dans la spirale du récit, chaque accessoire son utilité. Cette notion de destin, ou de chemin accompli entre le premier et le dernier mot d’un texte, se réduisait, dans le domaine la pornographie, à sa plus simple expression : à la fin sera la jouissance. Un but aussi précis et fugace appelait un traitement léger. Je n’avais pas besoin d’alibi grammatical, pas besoin d’habiller mes personnages de phrases décoratives, comme on fourre un morceau de beurre dans le cul d’un poulet industriel pour l’élever au rang du poulet fermier. Ça donne du moelleux la troisième personne, de la distance, on met de l’eau dans son encre, la chair est moins tassée, moins capitonnée.”