Le nouveau film de Noah Baumbach est un régal, un bonbon intelligent, un frizzy pazzy vitaminé.
J’avais aimé ses deux précédents, Greenberg (l’un des plus beaux films sur la dépression que j’ai pu voir) et Les Berkman se séparent (je n’ai pas vu les autres). Mais en tentant de revoir ce dernier il y a quelques semaines, M. et moi avons été frappés par sa noirceur. Il n’y a pas de personnage positif, pas de lueur d’espoir.
C’est peut-être ça qui fait que Frances Ha m’a tant plu : cette fois, il y a de l’espoir. Bien sûr, il y a Greta Gerwig et sa drôle de grâce maladroite, qui incarne une danseuse si improbable qu’on a tant envie de la voir danser justement. Elle danse tout le temps, quand elle court le long des avenues New-yorkaises, quand elle range, se couche, se lève, fait le poirier, saute, tombe, quand elle parle, quand elle regarde. Frances Ha est perdue, elle traîne son errance d’appartement en appartement, comme une chorégraphie à travers la ville, à travers le pays, à travers les autres. Elle tente de fuir la solitude et les renoncements qu’elle entrevoit dans la vie adulte, mais la langueur la poursuit, autant que la vie l’habite. Quand elle se révèle, c’est face à un groupe qui ne la comprend pas, mais absolument idéaliste.
A chaque instant, elle existe parce qu’elle bouge. Elle avance toujours, même les yeux fermés. En dansant, Frances Ha dessine qui elle est. Elle se contorsionne pour trouver sa place dans le monde. Elle court après le temps, puis le perd, sans jamais cesser d’y penser. Mais ralentir sa course, c’est en arrêtant de se tordre qu’elle parviendra à trouver un équilibre. Et quand l’apaisement viendra, ce sera non de la capitulation, mais de l’acceptation de la réalité. Pour justement permettre un autre idéal.