Je cherche depuis des années le carnet idéal. Le bon format, l’épaisseur idéale, la texture et la couleur de feuilles parfaites, la bonne rigidité, le lignage indispensable à mon incapacité à écrire droit. J’en ai essayé des dizaines, tant pour la prise de notes que le dessin, sans parvenir à trouver le carnet parfait. Et chaque fois qu’il me semblait l’avoir entre les mains, je changeais d’avis quelques semaines plus tard.
Bien sûr, c’est tout à fait absurde parce qu’au fond, mes notes ne seront ni plus nombreuses, ni plus créatives dans un meilleur carnet, et mes dessins ne seront pas plus réussis sur un papier plus adapté à mes feutres. C’est davantage un fétichisme qu’une recherche objective qui s’exprime, je crois. On part à la recherche du carnet parfait comme on tente d’écrire le livre parfait : en sachant qu’on n’y parviendra jamais. Mais c’est justement ce qui importe. Si je n’entamais pas chaque nouveau carnet avec l’enthousiasme d’un nouvel amour, si je ne les conservais pas comme la trace unique et indéfectible du passé, je ne serais pas heureuse de prendre des notes. Je n’écrirais pas dans mon carnet. Et tant que j’écris dans mon carnet, je suis en vie.