Je suis au Chalet Mauriac depuis une petite semaine. J’apprivoise doucement les lieux, je m’acclimate à ce nouvel atmosphère, je réapprends à respirer différemment. Je prends mes marques dans les salles communes, dans ma chambre, dans le parc, je me construit de nouvelles habitudes, je crée du familier dans ce qui est étranger (le désordre est un outil précieux pour ça).
La maison est grande, belle et majestueuse. Elle est entourée d’arbres, de sangliers et d’oiseaux. Dans le parc, chaque point de vue offre des couleurs différentes. Il y a quelque chose de lumineux dans ce paysage, même sous la pluie. Le chalet est plein d’espace et de silence aussi, comme si le vide constituait sa vie propre, à la manière d’une maison hantée. Il faut le remplir et le réchauffer, tout ce vide, de notre énergie de résidents. On doit se faire de la place parmi les fantômes, ne pas hésiter à les déranger, apprendre à ne pas être trop respectueux du silence.
La résidence est un temps tout neuf pour moi, j’apprends à vivre avec cette grande liberté : l’isolement et à la fois la proximité des autres résidents. Je me replonge petit à petit dans le livre en cours, doucement. C’est un piétinement agréable. Je retrouve le monologue ininterrompu de l’esprit, la possibilité de rester plongé dans ses pensées, habité en permanence de l’atmosphère du livre qu’on est en train d’écrire. C’est une obsession agréable, familière. Le livre est là, en permanence à nos côtés. Il est en nous, et nous vivons en lui.
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