En ce moment, je travaille sur des textes d’albums pour un projet en collaboration avec une chouette dessinatrice. Et je me rends compte que l’album est une forme vraiment difficile à appréhender. Les deux premiers que j’ai écrits ont été vaillamment refusés ou ignorés par les éditeurs à qui je les ai envoyés. Pour des raisons de format (trop long) ou d’écriture (trop compliqué) ou pour d’autres, non exprimées. Et parfois aussi pour des raisons très mystérieuses et singulières.
Je pensais naïvement que puisque l’album est un texte court, il est plus simple à écrire. Mais finalement, je me rends compte que la brièveté rend la tâche au contraire plus difficile. Faire court, concis, se concentrer sur l’action, maintenir le rythme, écrire en pensant à l’image… c’est un travail à part entière. On dispose de si peu de mots, et de si peu de marge de manœuvre finalement. On ne peut pas partir dans des digressions, faire des ellipses, des flashbacks, changer de focale ou de perspective. Il faut trouver les mots exacts et le rythme précis, il faut savoir tout dire sans utiliser d’artifices. La narration est si refermée que tout doit être là, nu, dans le présent et en quelques mots.