J’ai découvert Aaron Sorkin un peu à l’envers. D’abord avec The Social Network. J’avais été intriguée, soufflée, puis j’avais un peu oublié. Et puis la première saison de The Newsroom (sa série sur le quotidien d’une émission télévisée d’informations) a été diffusée il y a quelques mois, et j’ai commencé à réaliser l’ampleur de son talent. J’ai ensuite enchaîné avec The West Wing (A la maison blanche) et maintenant Studio 60 on the sunset strip (sur un late show satirique), et je suis désormais complètement subjuguée. Si l’écriture des séries et films français me déçoit la plupart du temps, j’avoue me trouver moi-même pas très douée pour les dialogues. Mais j’ai trouvé là le grand maître. Alors je regarde ses œuvres à la chaîne, complètement happée par la richesse de ses sujets, la précision de ses personnages, de leurs combats et leurs évolutions, la densité et la justesse de son propos, la diversité des émotions qu’il transmet, et à la fois, toujours à la recherche d’un apprentissage, essayant de comprendre ce que lui seul fait mieux que le reste du monde. Ses séries sont brillantes, érudites, émouvantes, vertigineuses, et surtout idéalistes. Les personnages qu’il choisit sont presque toujours des modèles (dans les limites permises par leur fonction) éthiques et moraux, prêts à se sacrifier à leur cause.
J’ai trouvé dans une interview de lui, cette idée parfaitement juste, que tant de gens qui écrivent (moi y compris, jusqu’ici) se bornent à ignorer : “J’utilise le dialogue comme de la musique. Les personnages de Shakespeare parlaient en pentamètres iambiques ; ceux de Molière, en rimes. Si vous essayez d’imiter une vraie conversation, ou bien ce sera mauvais car vous n’y arriverez pas ; ou bien vous y arriverez, et alors ce sera ennuyeux.”