D’habitude, dans le TGV Paris-Nantes, je tombe toujours du côté Loire. Je ne sais pas pourquoi mais j’en suis ravie, qu’est-ce que c’est beau, cette heure de voyage le long de l’eau, des humeurs du fleuve ! Pour une fois, j’étais de l’autre côté et à peu près à mi-chemin, j’ai réalisé que le train longe une sorte de mini parc d’attraction désert, au milieu de la campagne. Du coup, intriguée, recherche sur Google et sur Maps, jusqu’à finir par (miracle de l’Internet) découvrir que je n’ai pas rêvé. Il y a bien un minuscule parc d’attraction de long de la ligne de TGV, près du Mans (il m’a semblé encore plus proche de la voie ferrée en passant, je pense qu’il s’est étendu depuis la photo) :
Je ne sais pas pourquoi les cartes me fascinent tant. Quand je suis arrivée à Paris, je passais des heures à regarder mon plan, comprendre l’organisation de la ville, sa structure. C’était comme un code pour comprendre un peu de sa personnalité. Maintenant qu’il y a Google maps, j’observe les villes d’au-dessus, je joue à Dieu, j’entre dans les cours des immeubles, les casernes désaffectées, je découvre des coins de verdure, je cherche ce que l’on ne voit pas depuis la rue.Je voyage, je pars en exploration derrière mon ordinateur.
En ce moment je lis (entre-autres) Promesse d’une ville, de Robert Scholtus. Il y parle de Metz, cette ville de son enfance (dont je ne connais que la cité U pour y avoir rendu visite à un ami il y a des années de cela), qu’il a quittée pour la retrouver dix ans plus tard. Je n’aime pas toujours le ton, le style (ah ce “tu”), mais il y a de très belles choses, qui mêlent souvenirs de son enfance et sensations d’aujourd’hui. C’est un regard sur une ville à la fois documenté, historique, mais aussi mélancolique et très personnel. Il y parle de sa ville de Metz et tout à coup nous devenons les spectateurs de l’intimité du drôle de couple qu’ils forment ensemble.
Un extrait :
“Peut-on parler d’une ville autrement qu’avec nostalgie ? Même une ville étrangère ne se dévoile à celui qui la visite pour la première fois qu’au travers des images et des sensations qu’ont déposé en lui les souvenirs de ceux qui y vécurent et les œuvres des artistes dont le nom a fini par se confondre avec elle.
Tu reviens à Metz, en réalité c’est Metz qui te revient comme en rêve. Tu reviens à Metz non pas avec la nostalgie de ta jeunesse, mais avec l’étrange sentiment de celui qui, découvrant une ville inconnue, est persuadé d’y avoir déjà vécu. Il t’aura fallu ces dix ans d’absence pour éprouver au plus intime des liens charnels qui t’unissent à cette ville la distance que tu as maintenue à son égard pendant les trente ans où tu l’as habitée “intra muros”, comme on dirait à Paris”.
Et aussi :
“En quittant Paris, tu as changé d’échelle, tu ne le sais que trop. Mais les rues de Paris t’ont appris à ajuster ton regard et à surprendre les détails. “