Être migraineux, c’est comme héberger un petit terroriste à l’intérieur de soi : on ne sait jamais quand il va frapper. Notre corps est un traître, prêt à nous poignarder à la moindre occasion. Et bien sûr jamais au bon moment (ça n’existe pas). C’est la nuit qui tombe sur soi (et la fin de toute douleur est un lever de soleil) pour quelques heures ou quelques jours, enserre les yeux, la tête, la nuque, l’estomac, épuise, rend fébrile, sensible à tout, mal assuré.
J’ai la chance (contrairement à Joan Didion, par exemple) qu’elles ne soient pas trop virulentes, et que les médicaments contiennent partiellement la douleur. Mais le plus dur pour moi est peut-être d’accepter de céder à la migraine : perdre le contrôle, admettre que c’est une maladie, que l’ignorer ne sert à rien, et se reposer, dormir, prendre un bain bouillant. Accepter que c’est une journée perdue, une journée que la douleur prend sur la vie.
Et puis avoir une migraine un jour férié, comme si ce n’était pas déjà assez.
Oui, le plus dur est d’accepter (et non pas céder) d’être malade. C’est ce qui permet d’aller mieux, d’être moins crispé.